Précédent Sommaire Suivant
Gustavo Adolfo Bécquer
Rimas y leyendas - LXXXV - ¿No has sentido en la noche? Rimes et légendes - LXXXV - N'as-tu pas entendu dans la nuit ?

¿No has sentido en la noche,
cuando reina la sombra
una voz apagada que canta
y una inmensa tristeza que llora?

¿No sentiste en tu oído de virgen
las silentes y trágicas notas
que mis dedos de muerto arrancaban
a la lira rota?

¿No sentiste una lágrima mía
deslizarse en tu boca,
ni sentiste mi mano de nieve
estrechar a la tuya de rosa?

¿No viste entre sueños
por el aire vagar una sombra,
ni sintieron tus labios un beso
que estalló misterioso en la alcoba?

Pues yo juro por ti, vida mía,
que te vi entre mis brazos, miedosa;
que sentí tu aliento de jazmín y nardo
y tu boca pegada a mi boca.

N'as-tu pas entendu dans la nuit,
quand règne l'ombre
chanter une voix étouffée
et pleurer une tristesse immense ?

N'as-tu pas entendu dans ton oreille virginale
les notes muettes et tragiques
que mes doigts mourant arrachaient
à ma lyre brisée ?

N'as-tu pas senti une de mes larmes
s'écouler dans ta bouche,
ni senti non plus ma main de neige
serrer ta main de rose ?

N'as-tu pas vu dans tes rêves
errer une ombre dans l'atmosphère,
et tes lèvres n'ont-elles pas senti, sur elles déposé,
un baiser mystérieux dans ton alcôve ?

Et bien je te le jure, ma vie,
moi je t'ai vu dans mes bras, craintive ;
et j'ai senti ton haleine de jasmin et de tubéreuse
et ta bouche collée à la mienne.

Version lyrique par MoKo
Précédent Sommaire Suivant