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Gustavo Adolfo Bécquer
Rimas y leyendas - LVII - Este armazón de huesos y pellejo Rimes et légendes - LVII - Cette carcasse d'os et de chairs

Este armazón de huesos y pellejo,
de pasear una cabeza loca
cansado se halla al fin, y no lo extraño;
pues, aunque es la verdad que no soy viejo,

de la parte de vida que me toca
en la vida del mundo, por mi daño
he hecho un uso tal, que juraría
que he condensado un siglo en cada día.

Así, aunque ahora muriera,
no podría decir que no he vivido;
que el sayo, al parecer nuevo por fuera
conozco que por dentro ha envejecido.

Ha envejecido, sí; ¡pese a mi estrella!
harto lo dice ya mi afán doliente;
que hay dolor que, al pasar, su horrible huella
graba en el corazón, si no en la frente.

Cette carcasse d'os et de chairs,
est fatiguée, à la fin
de promener cette tête folle, et je ne la regrette pas 
car, même s'il est vrai que je ne suis pas vieux,

de la part de vie qui me revenait
de cette vie terrestre, j'ai fait,
pour mon malheur, un tel usage, que je jurerais
avoir condensé un siècle en chaque jour.

Ainsi, même si je mourais maintenant,
je ne pourrais pas dire que je n'ai pas vécu;
car si l'enveloppe, peut sembler neuve au dehors
moi je sais combien elle a vieilli de l'intérieur.

Oui, elle a vieilli ; n'en déplaise à mon étoile !
ma molle volonté le dit assez ;
C'est qu'il est des douleurs qui, bien que passées, ont gravé leur horrible trace
dans nos cœurs plutôt que sur nos fronts.

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