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Gustavo Adolfo Bécquer
Rimas y leyendas - XLII - Cuando me lo contaron… Rimes et légendes - XLII - Quand on me l'a raconté…

Cuando me lo contaron sentí el frío
de una hoja de acero en las entrañas;
me apoyé contra el muro, y un instante
la conciencia perdí de donde estaba.

Cayó sobre mi espíritu la noche;
en ira y en piedad se anegó el alma…
¡y entonces comprendí por qué se llora,
y entonces comprendí por qué se mata!

Pasó la nube de dolor… Con pena
logré balbucear breves palabras…
¿Quién me dio la noticia?… Un fiel amigo…
¡Me hacía un gran favor!… Le di las gracias.

Quand on me l'a raconté j'ai senti le froid
d'une lame d'acier dans les entrailles;
je me suis appuyé contre le mur, et un instant
j'ai perdu conscience du lieu où je me trouvais.

La nuit est tombé sur mon esprit ;
mon âme s'est noyée de colère et de pitié…
et j'ai compris alors pour quoi l'on pleure,
et j'ai compris alors pour quoi l'on tue !

Passé ce nuage de douleur… Péniblement
je parvins à balbutier quelques brèves paroles…
Qui m'avait apporté la nouvelle ?… Un ami fidèle…
Il me faisait-là une grande faveur !… Je l'en remerciai.

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