« La Méthode à MiMile », l'argot sans peine. Luc Étienne & Alphonse Boudard

avec la voix d'Avĉjo MoKo

Leçon 1 | MiMile, tu radines ?

1- Mimile, tu radines (1)?Émile, venez-vous ?
(1) Tu radines ? Dans les phrases interrrogatives, l'inversion du sujet et du verbe, qui est la règle en français, n'est pratiquement jamais employée dans la langue populaire ; on ne dit pas « viens-tu ? », mais « tu viens ? » ; la seule chose qui la distingue alors de la phrase affirmative correspondante est l'élévation de la voix sur la dernière ou sur les dernières syllabes. Notons que radiner peut être employé aussi sous la forme pronominale : tu te radines ?
2- (... Mimile y(2) la ferme)(3)(Émile observe le silence)
(2) Mimile y la ferme : dans la phrase populaire le sujet constitué par un substantitf est très souvent, mais pas toujours, renforcé par un pronom (ici : il, prononcé i et écrit selon l'usage y).
(3) Y la ferme (sous-entendu sa gueule) : il se tait. Ferme-la ( ou la ferme !, ou ferme ta gueule !) sont les façons les plus courantes dans le peuple de traduire &lquo; Tais-toi ! » L'argotier dira plutôt Écrase ! (qui contient une idée de menace).
3- Tu viens-t-y(4), Mimile ?Venez-vous, Émile ?
(4)Tu viens-t-y ? : l\interrogation est souvent marquée par une particule invariable analogue au ne latin et qui se prononce ti (ou i quand la forme verbale se termine par un t) et que nous écrivons : t-y au y. Exemple : T'entraves-t-y c'que j'te cause ? : comprenez-vous ce que je vous dis ?
4- ...(Mimile y moufte pas,...(Émile fait comme si de rien n'était,
5- Nanar y lui gueule dans l'esgourde) :Bernard lui crie à l'oreille) :
6- Mimile, tu viens-t-y, oui ou merde ?(5)Émile, venez-vous, oui ou non ?
(5) Oui ou merde ?) : oui on non ? Ne pas en déduire que merde veut dire « non ». Merde n'est pas seulement, en effet, « matière fécale de l'homme et de certains animaux », mais exclamation de mépris, d'indignation, de refus, d'impatience, de dépit, de douleur, etc., ou encore d'étonnement, de surprise, d'admiration. Exemple : Merde, les lardus. Horreur, voici les policiers ! Merde, c'qu'elle est belle ! Dieu comm elle est belle ! C'est le maître mot de la langue française, le Mot, selon Alfred Jarry, qui a su lui donner ses lettres de noblesse (et une de supplément au début d'« Ubu-Roi » : Merdre !). Il peut avoir toutes les forces, toutes les efficacités, tous les sens. Oui ou merde, ici, marque mieux que oui ou non l'impatience de bernard ; sons sens exact est : « Dis au besoin une injure, mais dis quelque chose !»
7- ...(Mimile y l'ouvre toujours pas,...(Émile continue à se taire,
8- y ligote pépère son canard.il lit tranquillement son journal
9- Nanar l'argougne par les endosses) :Bernard le saisit aux épaules) :
10- T'es sourdingue ou tu te fous de ma gueuleÊtes-vous sourd, ou vous moquez-vous de moi ?
11- Fais pas chier(6), merde, tu me casses les burnes(7).Ne (me) traccassez pas, que diable ! vous m'importunez !
(6) Fais pas chier ! (noter la suppression du complément me, qui reste sous-entendu) : ne me dérange pas ! Se faire chier : s'ennuyer.
mot à mot : vous me brisez les testicules
12- Tu viens pas t'en jeter un petit ?Ne venez-vous pas boire un verre avec moi ?
13- Tu pouvais pas le dire d'entrée,Ne pouviez-vous pas le dire tout de suite,
14- que tu voulais carmer l'apéro ?que vous désiriez (m')offrir une boisson apéritive ?

Exercice

1- Tu peux donc pas la fermer cinq minutes ?
2- Si tu mouftes pas,
3- à six plombes je carme l'apéro
4- Si tu me casses les burnes
5- je t'argougne par le colback
6- et je te fous à la lourde... T'as le choix !